Un 31 Août

Marcher sur un fil, encore

Publié le 31 août 2018
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Entrer dans la journée par la porte d’une pâtisserie.
« On n’y fait pas de pain », il lui avait dit la veille au soir quand pour la première fois elle le rencontrait dans son atelier d’artiste, vieux centre de Valence. Hasard. « On n’y fait pas de pain » mais on peut y prendre le petit déjeuner.
Entrer dans cette journée via cette porte d’entrée qui chante « La Lettre A Elise » à chaque fois qu’un habitué s’aventure à y pénétrer.
Entrer dans cette énième journée et commander : un thé vert pêche de vigne et un pain au chocolat, attendre et surveiller l’heure tourner et lui qui ne vient pas et s’en foutre, au fond, parce que tout cela n’a pas d’importance.
De toutes façons, elle avait commencé autrement cette journée. Ouvrir « L’Art De La Joie » là où il avait été laissé et se trouver soufflée par les mots de Goliarda Sapienza qui raconte le destin, cette « saleté de destin qu’il court comme un lièvre ».
Ce matin échapper au destin, attendre encore un peu l’oeil sur la pendule, boire le thé fade et se délecter du beurre dans le pain au chocolat. Bouffer cette matinée et prendre une photo souvenir de cette amie venue refaire sa vie ici, prête à enfourcher son vélo pour retourner au lycée mais cette fois, de l’autre côté. Devenir prof un casque fluo sur la tête et rire aux éclats devant la rue du Ha-Ha, c’était la veille au soir ça, les sushis-makis-sashimis rue du Ha-Ha. Et encore ce matin elle était teintée de ça, et peu importe si l’artiste ne venait pas.
Elle était ici dans la désuétude de cette pâtisserie, « La Lettre A Elise » chantait faux mais tout était juste. C’était le moment de semer le destin.

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